Les escargots victimes de leurs mitochondries castratrices

Résultats scientifiques Ecologie et environnement

L’ennemi est parfois à l’intérieur : nos propres mitochondries, d’anciennes bactéries domestiquées qui aident nos cellules à respirer, se retournent parfois contre nous… En effet les mitochondries étant transmises uniquement par voie maternelle, le sexe mâle est pour elles une impasse évolutive. Quoi d’étonnant, alors, qu’elles cherchent à s’en débarrasser ? C’est particulièrement tentant chez un hermaphrodite, où supprimer la reproduction mâle peut libérer de l’énergie pour la voie femelle, favorisant ainsi la propagation des gènes mitochondriaux. C’est ce phénomène, fréquent chez les plantes, que des scientifiques ont mis en évidence, pour la première fois chez les animaux dans un article paru dans Current Biology. Chez l’escargot hermaphrodite Physa acuta, ils observent qu’une lignée mitochondriale extrêmement divergente est associée à une perte quasi-totale de la reproduction mâle.

La dissémination génétique, en particulier par voie sexuelle, n'est pas un long fleuve tranquille : compétition et conflit se produisent au sein des organismes et de leurs cellules. Les équipes du CEFE et de l'ISEM, en collaboration avec leurs collègues lyonnais, ont étudié les mécanismes de conflits entre les gènes mitochondriaux et nucléaires de l'escargot hermaphrodite Physa acuta et leurs conséquences sur l'évolution de cette espèce.

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CEFE-ISEM-escargots

Patrice David, Cyril Degletagne, Nathanaëlle Saclier, Aurel Jennan, Philippe Jarne, Sandrine Plénet, Lara Konecny, Clémentine François, Laurent Guéguen, Noéline Garcia, Tristan Lefébure, Emilien Luquet. Extreme mitochondrial DNA divergence underlies genetic conflict over sex determination, Current Biology, 2022, ISSN 0960-9822, https://doi.org/10.1016/j.cub.2022.04.014.